HJ61, un grand cru 2012 !

 

Nous sommes tellement bien, là tous les deux au coin du feu, à remettre en état les étriers pour un freinage optimal en ces heures de novembre. Il est vrai que nous soufflons un peu aujourd’hui, là confortablement installés près de la cheminée chez les parents d’Alexandre ! 

Les travaux sont un peu au repos, comme la terre de l’automne. Le manque de lumière et le froid commencent à avoir raison de nous. Mais ce sont surtout nos emplois du temps chargés, le fait que notre cher Gaillard soit à 200kms de chez nous, tout cela ne nous permet pas forcément d’avancer nos travaux comme nous le voudrions. Mais qu’importe puisque aujourd’hui nous regardons les six mois qui viennent de s’écouler avec une certaine tendresse. Oui, une certaine tendresse en repensant aux péripéties surmontées mais surtout sur nous, néophytes un peu naïfs que nous étions et qui, depuis 7 mois, avons pris une certaine maturité mécanistique. 

Alors pourquoi ne pas faire aujourd’hui un petit bilan de toutes ces choses que nous avons tout intérêt à prendre avec humour et philosophie aujourd’hui ? 

Notre histoire avec le Gaillard Galopère commence le 28 avril, lorsque nous découvrons  le 4x4, offert par son papa, dans la cour des parents d’Alexandre. 


Un mélange d’émotion s’empare de nous, un vrai mélange ! Une grande joie et de la surprise c’est certain, mais aussi de l’appréhension malgré tout. C’est vrai que cela faisait quelques temps que nous lorgnions ce 4x4 que l’on pouvait apercevoir de la baie vitrée des parents d’Alexandre mais… nous n’étions pas encore sûrs du choix : acheter celui-là ou un autre ? Y-avait-il possibilité de trouver des pièces partout pour ce véhicule ? Ou alors, allions-nous réellement nous tirer une balle dans le pied en décidant de l’acheter… Alexandre menait sa petite enquête depuis plus d’un an déjà, partout où il pouvait être conseillé dans ce choix du véhicule pour notre projet. Stéphane Bernard de Point S à Voiron (38) et Florent Rivière d'Egal16 à Muret (31) lui avaient confirmé que le HJ61 était une bonne base et un véhicule particulièrement fiable.

Là, ce 28 avril, il est là et bien là le HJ61 ! Merci Patrick, le papa d'Alexandre. Et sitôt arrivé, sitôt démonté, déjà nous nous affairons à démonter les sièges arrières, enlever la moquette et le plafond, dévisser, gratter, frotter, prêts à nous lancer dans le chantier !


Une fois dedans, à vide, vient le temps des mesures et nous avons confirmation que d’y vivre dedans nécessite de rajouter un peu de hauteur dans l’habitacle. Il faudra donc découper le toit ! 

Heureux propriétaires d’un Volkswagen T4 que nous avons aménagé deux ans auparavant, nous savons que la phase « mesure » est une phase importante avant de démarrer les travaux. Dedans, dessous, nous manions le mètre avec un peu d’empressement et d’excitation d’avoir enfin notre 4x4.  


Sitôt arrivé, sitôt démonté mais sitôt les désillusions ! Oui, ce 4x4 demande beaucoup de travail, plus que nous l’avions pensé. Sachant qu’il faut tout démonter et que nous vivons en appartement à Lourdes, sans garage, sans espace où entreposer les différentes parties de notre véhicule, où allons-nous travailler ? Le trottoir en bas de chez nous n’est vraiment pas une solution… 



Sylvie, une amie des parents d'Alexandre, a un espace derrière sa maison non loin de Montauban et veut bien nous laisser la place. Mais il faudra faire cohabiter notre atelier de mécanique avec le matériel agricole de Gilou, un ami agriculteur des parents d'Alexandre, dont il a régulièrement besoin. 

Alexandre bosse alors à Mâcon, aillant repris le travail depuis peu suite à ses 10 mois d’accident de travail. Il ne peut revenir que 1 week-end sur 2 et ce n’est que tous les deux que nous pouvons avancer les travaux. Avons-nous fait une bêtise en acceptant ce 4x4 dont nous ne pouvons assumer la restauration ? Ne nous-a-t-on pas laissé le choix ? Qu’allons-nous faire avec ce 4x4 sur les bras ??

Notre ami Arthur est présent ce jour de grands questionnements : « Une étape essentielle dans un projet comme celui-ci, c’est le véhicule. Je peux vous dire, qu’en étant extérieur à leur projet, j’ai compris qu’on ne part pas faire la route vers Saint-Jacques de Compostelle avec des chaussures qui vous font mal aux pieds ! C’est après maintes recherches et questions auprès de connaisseurs et spécialistes (et surtout après m’avoir cassé les pieds avec les annonces Leboncoin, merci Alexandre) qu’est arrivé Gaillard Galopère. Que dire à son sujet? De prime abord, un véhicule solide ! Hélas, l’habit ne fait pas le moine… Rapidement Alexandre et Claire butent sur l’aspect technique de la chose ; il est vrai qu’on ne se lève pas un matin en se disant « me voilà devenu mécanicien ». La tâche est importante et certains points critiques apparaissent dans le tableau… C’est lors d’un week-end passé chez les parents d’Alexandre, à l’heure du repas familial, qu’on fait le bilan. Après plusieurs heures de mesures, de démontage, d’idées d’améliorations ; la liste des réparations et des modifications s’allonge et inversement, le moral des troupes baisse. C’en est trop pour nos aventuriers, l’heure est grave, l’ambiance morose autour de la table… Alexandre, fatigué et dépité, nous annonce que le projet vient de tomber à l’eau vu l’ampleur de la tâche. Je me retourne vers Claire et lis dans ces yeux une déception immense ; elle pour qui ce projet était dans la continuité de leur histoire. Ma femme et moi, les regardons ne sachant que faire. « Et puis zut, ce n’est pas grand-chose après tout, vous n’allez quand même pas baisser les bras pour ça ! Et les regrets de ne pas avoir accompli un rêve, qu’en faites-vous ? Votre projet est viable, il y a du travail, c’est indéniable mais Gaillard Galopère roulera en Amérique ! » »

Le repas reste sur cette fin et le silence vient envahir la pièce... Nous reprenons la route vers chez nous le lendemain, je lutte pour me garder de dire un mot ayant peur d’envenimer les choses… Les pensées fusent et la tension est palpable pour l’un et l’autre. 20 kms de Tarbes, la goutte de trop : la golf nous joue un sacré tour ! Elle s’arrête en pleine course, lâche. Impossible de la redémarrer. Foutue, elle sent l’essence, Alexandre se prend le jus, la vitre électrique tombe de tout son poids…


"C'est pourtant facile de ne pas se tromper" qu'ils disaient...

Nous attendons la dépanneuse en plein soleil pendant plus de 2 heures. Mr et Mme se baladent à vélo avec leur petite fille dans la campagne paisible, passent à côté de nous et dans notre malheur, ils sont notre chance et nous proposent de la racheter ! Hésitations nombreuses, peur de faire un nouveau choix expressément, nous tardons à répondre… Mais le soir même, après des heures d’attente avec nos baluchons,  nous retrouvons notre taxi du jour, ma sœur et son compagnon venus nous chercher, la voiture vendue et bien vendue !  




Le lendemain est le jour d’une grande décision : nous n’en resterons pas là, nous ne laissons pas tomber le Gaillard Galopère ! Cela ne nous empêche pas, 2 semaines après, de perdre pied à cause d’une nouvelle prise de conscience ! Il ne reste plus que le moteur sur le châssis, nous avons pu bien démonter la bête mais Alex doit repartir à son poste à Mâcon. Nous  pouvons nous retrouver que dans deux semaines seulement pour continuer les travaux. Nous ne pourrons pas tenir ce rythme pendant 2 ans, nous ne pourrons pas avancer notre chantier comme nous le voudrions, nous n’y arriverons jamais !! 
Prise de conscience du travail mais nous ne baissons pas les bras, non. Ca suffit comme ça !  Nous voilà résolus à en découdre !  Nous posons sur le papier les différentes étapes à réaliser pour ne pas nous disperser et optimiser notre temps (c’est-à-dire un week-end sur deux..) pour que les travaux avancent. Et quelle organisation dès qu’il s’agit de transporter une partie de notre véhicule chez Roméo, notre carrossier ou chez Florent Rivière d’Egal 16 ! Certes l’IPN est parfait pour le levage mais ensuite ? Et bien c’est Arnaud avec son camion des pompes funèbres qui permet de transporter la caisse chez Roméo. Original n’est-ce pas ? Notre caisse dépassant du camion ne passe pas inaperçue sur la rocade de Montauban, et comme par hasard, les gendarmes nous doublent à ce moment-là... Et merde ! Nous qui suivons le camion avec le T4, notre cœur bat à vive allure… mais ils filent devant sans nous prêter attention ! Ouf ! 

Et pour le châssis et les ponts ?? Rien de mieux qu’un Transporter prêt à tout : le châssis calé sur le toit, les deux ponts à l’intérieur et le tour est joué ! Hé, il ne faut pas oublier qu’il a passé un passage à gué en Norvège celui-là !

Et Arthur de constater : « Dans les starting-blocks ! Dès lors, le moral retrouvé, j’assiste amusé à une débauche d’énergie. Les tâches se répartissent ; ce sera la Com’ pour Claire et la recherche de ressources financières pour Alexandre. Et moi dans tout ça ? J’intègre leur projet (faut dire qu’il me plait et d’une certaine manière je suis fier d’y participer tout en sachant que je ne suis pas capable de faire ce voyage. Qu’à cela ne tienne, je voyagerai donc par procuration !) en tant que… bricoleur… La mécanique, la bidouille, le soudage ne me font pas peur (faut dire qu’avec mon vieil Iveco qui affiche 300 000 km, de la mécanique j’en fais) et mettre mes compétences à contribution est assez valorisant. Alexandre et Claire sauront aussi s’entourer de professionnels reconnus car à trois ou plutôt deux et demi (Alexandre et moi travaillant en déplacements) va s’avérer difficile. Après un tour dans un salon 4x4 dans les Alpes (dossier dans les mains) et des dizaines de rencontres que l’aventure prend un nouveau tournant : le sponsoring ! Un sacré coup de pouce de la part de professionnels et d’aventuriers va permettre de donner une ligne directrice à suivre. »

Tout en écrivant, je me rends compte que chaque petite mésaventure qui nous arrive ensuite n’est que du pipi de chat par rapport à la tempête du premier mois d’adoption du Gaillard Galopère. Il reste capricieux, imprévisible et plein de mystères, ne se laissant pas démonter comme nous voudrions. Des vis grippées, des silent-blocs de lames et d’amortisseurs coincés par la rouille, des soudures marocaines, des agencements de pièces nous laissant quelques rides de questions sur le front… 


Chaque étape apparaît comme un défi à relever : où est la foutue petite pièce, le circlip qui retient tout et nous met en échec dans le démontage?

Parce que les petites pièces irréductibles, il y en a ! Les entretoises coniques qui résistent à Alexandre toute une journée durant parce qu’il veut bien faire, ne veut pas taper trop fort et tout casser. Celles-là même qui se moquent bien de nous, tandis que nous nous y mettons tous les deux en les tapotant gentiment du marteau. Une fois la massette en main, il leur dit qui est le chef et tout de suite, cela change la donne. Le score du match n’est plus Alexandre 0-Entretoises 12 mais bien l’inverse !

 
Le démontage dévoile certaines mauvaises surprises mais le remontage n’est pas un fleuve tranquille. Nos pronostics ne sont pas toujours les bons, nous imaginons franchir assez vite certaines étapes,  nous sommes devenus optimistes il faut croire ! Nous voilà lancés, prenant un bon rythme de croisière tandis qu’une vague vient ébranler le navire et nous rappelle que l’on a encore beaucoup à apprendre. Soit des oublis - car reprendre là où nous en étions une ou deux semaines auparavant, demande de remettre les idées en place- soit une manière de faire qui n’est pas la bonne ou des empressements… et du coup, tout est à redémonter pour recommencer… 

Notre turbo n’est pas bon : il est fissuré, il va donc nous falloir le changer. Nous ne pouvons pas monter les roues comme nous l’espérons pour le 7 octobre, certains avant nous ont usé de la massette là où il ne fallait pas et du coup, les moyeux sont à changer. Mais où trouver des moyeux en bon état sans être obligé d’en racheter des neufs ? Branle-bas de combat pour se sortir de cette situation délicate, nous ne voulons plus perdre de temps. Encore un grand merci à Florent Rivière d’Egal16.

Sans parler des dialogues de couple improductifs les mains dans la graisse à savoir qui aura la meilleure méthode pour faire rentrer ce fichu kilo dans le bol… Sans parler non plus du serrage de trop qui fait péter une vis là où il ne faut pas… bon c’est moi qui serrais donc on va relativiser, c’est la vis qui n’était pas bonne ! Enfin aujourd’hui,  bien que nous ayons fait bien attention à ranger les vis dans des petits casiers avec des étiquettes, nous ne pouvons toujours pas remonter les roues à ce jour car une vis a disparu, oui une vis ! De quoi râler !



Entre temps, nous avons emprunté une clé dynamométrique de compétition qui nous demande de faire quelques calculs pour convertir les « feet per pound » en « newton par mètre ». Mais elle nous permet de bien faire et nous pouvons bien remercier Gilou qui nous la prête volontiers.




Maintenant, à l’heure qu’il est et tandis que je pose ces mots, Alexandre est à Bilbao pour le travail et nous n’attendons que de nous retrouver pour les remonter ces fameuses roues à l’avant. Deux mois se sont écoulés depuis que la date où nous voulions les monter… Pas grave, ça ne fera que décupler notre plaisir de serrer le dernier boulon. 

Avec toutes ces mésaventures, nous avons eu de très bonnes surprises : un châssis en très bon état, un turbo remis en parfait état de marche, la découverte de tambours tous neufs, la possibilité de faire réviser aisément de nombreuses pièces puisque notre véhicule est en pièces détachées… aujourd’hui, nous savons de quoi nous parlons quand on nous branche sur la mécanique. 

Nos très bonnes surprises sont aussi les rencontres car cette aventure est portée par de nombreuses rencontres : merci à Roméo et Marie de Roméo Design, merci à Florent et Valérie d'Egal 16, merci à Georges et Françoise d'Euro4x4parts ainsi que leur équipe, merci à Pierre Pottier de la SETT, merci à Philippe Badouard, merci à Stéphane Bernard de Point S, merci à la famille Quatrevieux, merci à Marc Mellet, merci à David et Monica de  Globe Camper, merci à Jacques Hourmagnou, merci à Tito, merci à Arthur et Alexia, merci à Arnaud, merci à tous les amis et à tous ceux que l'on oublie ! 

De plus, nous avons eu ce lundi des nouvelles de l'OING "Objectif Sciences International" par un contact téléphonique au cours duquel nous avons pu continuer nos démarches d'intégration et confirmer notre intention d'agir avec eux.

Et puis, si nous n’avions pas eu tous ces doutes, nous n’aurions peut-être pas non plus osé demander de l’aide aux personnes qui croient en nous aujourd’hui et nous soutiennent. Et pour finir, nous ne serions peut-être pas aussi déterminés et unis dans notre projet.


Bonnes fêtes de fin d'année à vous tous !